Google, l'open source, le système d'exploitation du futur, les téléphones, les netbooks... Ray Ozzie, le grand architecte des logiciels de Microsoft a tout dit (ou presque) à notre correspondant aux Etats-Unis. Interview.
Jeudi, l'architecte en chef de Microsoft, Ray Ozzie, a fait l'aller-retour entre Seattle et la Silicon Valley pour prêcher la bonne parole aux entrepreneurs de la région et, au passage, critiquer Google. N'hésitant pas à dépeindre son groupe comme plus cool et plus ouvert que le moteur de recherche. Une position un peu difficile à croire, toutefois, quand on sait tous les coups tordus des dernières années (Borland, Wordperfect, Novell, Internet, Netscape, Real Networks, Java...) et après avoir été finalement reconnu coupable d'abus de position dominante, tant aux Etats-Unis qu'en Europe.
Mais ce ne sont là que des péripéties pour l'homme qui a succédé à Bill Gates dans le rôle de visionnaire du plus grand éditeur mondial de logiciels. Lequel veut être jugé sur ses actes et les produits actuels et non plus sur le passé. Interview.
Que pensez-vous de l'outil de collaboration Google Wave? Est-ce un concurrent sérieux pour Microsoft?
Du peu que j'en ai vu, je trouve ça bien. En revanche, je crois qu'il est anti-Web, parce qu'il viole une règle qui m'est aujourd'hui très chère, la simplicité, et que la complexité est l'ennemie du Web. La conséquence d'une architecture informatique très complexe, c'est que vous avez besoin d'open source pour permettre à d'autres de travailler sur le problème afin de développer des applications qui fonctionnent avec. Or le Web repose justement sur le fait qu'il est possible de décomposer un problème complexe en éléments plus simples, au point que l'on n'a pas besoin d'open source pour développer des applications qui fonctionnent bien entre elles, mais uniquement de protocoles et de formats ouverts. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait avec Live Mesh qui est en fait une version simplifiée de Groove, et dont Google Wave reprend l'architecture. Groove et Google Wave, c'est la même chose.
Comment voyez-vous le système d'exploitation du futur?
Si on devait créer un système d'exploitation aujourd'hui, le nuage (cloud en anglais, ndlr) serait son coeur et tout y serait connecté (les applications et les données). Il devrait aussi être étroitement lié aux capacités de la machine (PC, téléphone mobile ou TV, ndlr) sur lequel il fonctionne. Il serait ainsi facile d'acheter un pack de 6 netbooks et de les configurer en un clin d'oeil, simplement en donnant son nom et son mot de passe et qu'ensuite toutes les applications et les données soient automatiquement téléchargées du Web, et stockées localement. Comme le sont aujourd'hui, les applications écrites an AJAX par exemple et qui fonctionnent au sein du navigateur.
Mais n'est-ce pas justement un risque pour les activités Windows et Office de Microsoft?
Depuis que j'évolue dans l'industrie informatique - plus de 30 ans!-, tout le monde croit que la nouvelle technologie qui arrive va tuer l'ancienne. Alors que ce n'est pas le cas. La nouvelle technologie vient au contraire en complément de celle qui l'a précédée. Tous les appareils ont besoin d'un système d'exploitation. En revanche, ce qui change aujourd'hui, c'est le modèle de création des applications qui utilisent les technologies du Web. Il n'y a pas de raison pour que les développeurs Web se limitent au navigateur. Prenez l'exemple de l'iPhone: un développeur Web peut accéder à l'accéléromètre et aux autres fonctions de l'appareil. C'est cette ligne de démarcation entre le navigateur et le système d'exploitation qui est en train de disparaître. Je ne m'inquiète pas sur le futur succès de nos produits.
Le marché des téléphones mobiles est en pleine ébullition avec les lancements du Palm Pre et du nouvel iPhone. Que fait Microsoft?
Windows Mobile est notre cheval de bataille sur le marché des mobiles. Mais je sais déjà que tous les téléphones dans le futur auront un écran tactile, un lecteur multimédia, etc, et seront associés à un app store. Au point que cela en est presque ennuyeux... La vraie question à se poser est donc : comment faire pour se différencier? Ma réflexion se focalise aussi sur la notion de « 3 écrans (PC, mobile et TV) sur le cloud » et sur la manière dont ces trois appareils vont fonctionner ensemble de manière transparente et agréable pour l'utilisateur. Et ce même si chacun de ces appareils n'est pas le meilleur de sa catégorie.
Croyez-vous au netbook?
En fait, je ne sais pas ce qu'est un netbook. Pour moi, c'est un ordinateur portable (laptop). La question est de savoir si les netbooks apporteront quelque chose de plus que les laptops actuels. Aujourd'hui, je ne le sais pas, car les gens les achètent parce que ce sont des laptops low-cost. Cela dit, plus il y a de laptops, plus je suis content parce qu'on peut vendre davantage de systèmes d'exploitation et d'applications. L'Inde est ainsi devenu un très bon marché alors que tout le monde disait que le marché du PC indien n'existait pas et que les gens préféraient utiliser leur téléphone. Sauf que tout a changé une fois que les prix des PC ont baissé (grâce au netbook, ndlr).
Pourquoi n'y aura-t-il pas de version de Windows 7 pour les netbooks équipés de processeurs ARM?
Comme je disais plus tôt, les netbooks sont des PC portables. Et même si les netbooks sont vendus comme des appareils pour se connecter au Web, les gens s'attendent à pouvoir y utiliser Office et y télécharger des applications du monde PC. Le problème, avec les netbooks ARM , c'est qu'ils ne pourront pas utiliser toutes ces applications créées pour le PC, à moins d'être équipés d'un émulateur. Ils se situent donc dans une autre catégorie que celles des portables, un marché qui reste encore à définir... Aujourd'hui, je parie sur le futur de laptops, chers et moins chers. Et je crois que la majorité de ces laptops/netbooks sera équipée de puces X86, d'AMD ou d'Intel. Source
Jeudi, l'architecte en chef de Microsoft, Ray Ozzie, a fait l'aller-retour entre Seattle et la Silicon Valley pour prêcher la bonne parole aux entrepreneurs de la région et, au passage, critiquer Google. N'hésitant pas à dépeindre son groupe comme plus cool et plus ouvert que le moteur de recherche. Une position un peu difficile à croire, toutefois, quand on sait tous les coups tordus des dernières années (Borland, Wordperfect, Novell, Internet, Netscape, Real Networks, Java...) et après avoir été finalement reconnu coupable d'abus de position dominante, tant aux Etats-Unis qu'en Europe.
Mais ce ne sont là que des péripéties pour l'homme qui a succédé à Bill Gates dans le rôle de visionnaire du plus grand éditeur mondial de logiciels. Lequel veut être jugé sur ses actes et les produits actuels et non plus sur le passé. Interview.
Que pensez-vous de l'outil de collaboration Google Wave? Est-ce un concurrent sérieux pour Microsoft?
Du peu que j'en ai vu, je trouve ça bien. En revanche, je crois qu'il est anti-Web, parce qu'il viole une règle qui m'est aujourd'hui très chère, la simplicité, et que la complexité est l'ennemie du Web. La conséquence d'une architecture informatique très complexe, c'est que vous avez besoin d'open source pour permettre à d'autres de travailler sur le problème afin de développer des applications qui fonctionnent avec. Or le Web repose justement sur le fait qu'il est possible de décomposer un problème complexe en éléments plus simples, au point que l'on n'a pas besoin d'open source pour développer des applications qui fonctionnent bien entre elles, mais uniquement de protocoles et de formats ouverts. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait avec Live Mesh qui est en fait une version simplifiée de Groove, et dont Google Wave reprend l'architecture. Groove et Google Wave, c'est la même chose.
Comment voyez-vous le système d'exploitation du futur?
Si on devait créer un système d'exploitation aujourd'hui, le nuage (cloud en anglais, ndlr) serait son coeur et tout y serait connecté (les applications et les données). Il devrait aussi être étroitement lié aux capacités de la machine (PC, téléphone mobile ou TV, ndlr) sur lequel il fonctionne. Il serait ainsi facile d'acheter un pack de 6 netbooks et de les configurer en un clin d'oeil, simplement en donnant son nom et son mot de passe et qu'ensuite toutes les applications et les données soient automatiquement téléchargées du Web, et stockées localement. Comme le sont aujourd'hui, les applications écrites an AJAX par exemple et qui fonctionnent au sein du navigateur.
Mais n'est-ce pas justement un risque pour les activités Windows et Office de Microsoft?
Depuis que j'évolue dans l'industrie informatique - plus de 30 ans!-, tout le monde croit que la nouvelle technologie qui arrive va tuer l'ancienne. Alors que ce n'est pas le cas. La nouvelle technologie vient au contraire en complément de celle qui l'a précédée. Tous les appareils ont besoin d'un système d'exploitation. En revanche, ce qui change aujourd'hui, c'est le modèle de création des applications qui utilisent les technologies du Web. Il n'y a pas de raison pour que les développeurs Web se limitent au navigateur. Prenez l'exemple de l'iPhone: un développeur Web peut accéder à l'accéléromètre et aux autres fonctions de l'appareil. C'est cette ligne de démarcation entre le navigateur et le système d'exploitation qui est en train de disparaître. Je ne m'inquiète pas sur le futur succès de nos produits.
Le marché des téléphones mobiles est en pleine ébullition avec les lancements du Palm Pre et du nouvel iPhone. Que fait Microsoft?
Windows Mobile est notre cheval de bataille sur le marché des mobiles. Mais je sais déjà que tous les téléphones dans le futur auront un écran tactile, un lecteur multimédia, etc, et seront associés à un app store. Au point que cela en est presque ennuyeux... La vraie question à se poser est donc : comment faire pour se différencier? Ma réflexion se focalise aussi sur la notion de « 3 écrans (PC, mobile et TV) sur le cloud » et sur la manière dont ces trois appareils vont fonctionner ensemble de manière transparente et agréable pour l'utilisateur. Et ce même si chacun de ces appareils n'est pas le meilleur de sa catégorie.
Croyez-vous au netbook?
En fait, je ne sais pas ce qu'est un netbook. Pour moi, c'est un ordinateur portable (laptop). La question est de savoir si les netbooks apporteront quelque chose de plus que les laptops actuels. Aujourd'hui, je ne le sais pas, car les gens les achètent parce que ce sont des laptops low-cost. Cela dit, plus il y a de laptops, plus je suis content parce qu'on peut vendre davantage de systèmes d'exploitation et d'applications. L'Inde est ainsi devenu un très bon marché alors que tout le monde disait que le marché du PC indien n'existait pas et que les gens préféraient utiliser leur téléphone. Sauf que tout a changé une fois que les prix des PC ont baissé (grâce au netbook, ndlr).
Pourquoi n'y aura-t-il pas de version de Windows 7 pour les netbooks équipés de processeurs ARM?
Comme je disais plus tôt, les netbooks sont des PC portables. Et même si les netbooks sont vendus comme des appareils pour se connecter au Web, les gens s'attendent à pouvoir y utiliser Office et y télécharger des applications du monde PC. Le problème, avec les netbooks ARM , c'est qu'ils ne pourront pas utiliser toutes ces applications créées pour le PC, à moins d'être équipés d'un émulateur. Ils se situent donc dans une autre catégorie que celles des portables, un marché qui reste encore à définir... Aujourd'hui, je parie sur le futur de laptops, chers et moins chers. Et je crois que la majorité de ces laptops/netbooks sera équipée de puces X86, d'AMD ou d'Intel. Source
Je trouve cet article assez révélateur et montre assez bien vers quoi tend Google. Il est vrai qu'on en parle souvent, on se demande quand ça arrivera...
Seriez-vous prêt à utiliser un navigateur pour seul "OS" ?